La seconde guerre mondiale à Vigneulles

 

Les informations qui suivent sont tirées de deux ouvrages très documentés (plus de 500 pages) réalisés par le Collège de Fresnes-en-Woëvre sur le thème de la Libération des Côtes de Meuse et des environs. Des exemplaires de ces ouvrages sont encore disponibles au collège (+33 (0)3 29 87 31 17).

 

La résistance à Viéville-sous-les-Côtes [16] :

De nombreux groupes de résistants se sont constitués dans les massifs forestiers des Hauts de Meuse, autour de la tranchée de Calonne. Au cours de l'année 1943, un réseau se forme à Viéville-sous-les-Côtes autour de Charles Sérano, un jeune de 18 ans originaire de Corse. Son adjoint est un jeune habitant de Viéville.

Les Allemands, qui souhaitent mettre un terme aux activités clandestines des résistants, entreprennent une série d'arrestation dans les environs de Saint-Mihiel et Vigneulles. Le 2 avril 1944, une opération est menée à Viéville : Sérano est arrêté tandis que son adjoint arrive à prendre la fuite. Sérano et deux habitants de Saint-Mihiel sont emmenés à Bar-le-Duc.

Le lendemain, la gestapo revient à Viéville dans le but de fouiller les habitations des proches des clandestins. La famille du jeune adjoint de Sérano et une autre famille de Viéville sont arrêtées et emmeneés en captivité à Bar-le-Duc pour interrogatoire.

La deuxième famille arrêtée à Viéville est relâchée très rapidement. Par contre, un jugement expeditif, en l'absence des autres accusés, est prononcé. Charles Sérano est condamné à mort et sera executé le 30 mai 1944 à Behonne. La soeur du jeune de Viéville est condamnée à 6 mois d'emprisonnement et les parents aux camps de travail (c'est à dire à la déportation). Seule la mère reviendra de cet enfer.

16 août 1944
Une habitante de Vigneulles, soupçonnée de collaboration, est enlevée à son domicicle puis executée dans les bois au dessus de Viéville. Une liste de 15 noms de résistants, dont celui du chef de gendarmerie du village, est découverte dans la cave de la maison de cette personne.

 

Le repli des troupes ennemies, la libération et la fin de la guerre [17] :

19 août 1944
Pendant la deuxième quinzaine du mois d'août, de nombreux soldats qui se replient vers Metz font étape à Vigneulles. Les résistants locaux tentent des opérations armées qui sèment le désordre parmi les troupes ennemies. Le 19 août 1944, un groupe de feldgendarmes, commandés par deux officiers SS, interpèle une habitante du village et l'interroge pour obtenir des renseignements sur les résistants locaux. Après un simulacre d'exécution, cette habitante est relâchée.

20 août 1944
Saint-Benoit. Un civil allemand, âgé de 62 ans et père de 5 enfants, arrive exténué à la ferme de Louiseville. Il explique aux habitants de la ferme qu'il fait partie du corps de surveillance des trains et qu'il a été refoulé par ses compatriotes qui ont d'autres chats à fouetter. Peu après son départ, cet homme fut arrêté par les résistants du bois de Dampvitoux sur la route de Beney et sommairement executé sur la digue de l'étang de Vigneulles.

23 août 1944
Saint-Benoit. Un soldat allemand force la porte du corps de logis de la ferme de Hazavant où la famille est attablée. Il met en joue les membres de la famille en criant "mein Vater ist tot" (mon père est mort). Un officier intervient à temps pour désarmer l'individu. En attendant la libération, l'ensemble de la famille décide de dormir à la belle étoile.

24 août 1944
Vigneulles. Un soldat allemand arrive pied nu de Saint-Mihiel. Il effectue une pause dans le village pour se laver les pieds à la fontaine de la rue du Clou (actuelle rue de Saint-Mihiel). Après avoir traversé le village en saluant poliment les personnes sur son passage, il prit la direction de Saint-Benoit. C'est sur cette route qu'il fut assassiné par un habitant du village qui l'aurait rattrapé avec son vélo. Le corps est découvert le lendemain matin dans un fossé au bord de la route par les laitiers qui avertissent le chef de gendarmerie de Vigneulles. Ce dernier se rend sur place et, ne pouvant que constater le décès, aurait décidé de cacher le corps dans l'étang de Vigneulles pour éviter les représailles.

29 août 1944
Vigneulles. Un groupe d'Etat Major de 60 personnes fait escale à Vigneulles pour deux jours et prend ses quartiers dans la villa Anne Marie occupée par une personne âgée de 85 ans. Avant de quitter les lieux, la villa est pillée.

Viéville et Billy. Des résistants tentent de faire prisonnier deux soldats allemands. L'arrestation tourne mal : un des soldats est tué tandis que l'autre s'échappe et court donner l'alerte à Billy. Les soldats encerclent les deux villages. A Viéville, la population est regroupée sur la place du village pour être exécutée. Le maire du village s'entretient avec le commandant et essaye de lui faire comprendre que les habitants ne sont pas responsables de ce qui vient de se passer. Le commandant décide d'enfermer les 150 habitants du village dans la mairie. Vers 16H00, un officier allemand arrive de Vigneulles et persuade le commandant de ne pas procéder à l'exécution de la population. Vers 18H00, les femmes et les enfants sont relâchés. Une heure plus tard c'est au tour des jeunes femmes et des jeunes hommes. Finalement les allemands garderont 20 otages pour assurer leur sécurité. Ils quitteront le village sans autre incident vers 11 heures le 30 août 1944.

1er septembre 1944
Le village de Vigneulles est totalement investi par des troupes allemandes en repli. Tous les carrefours sont gardés. Des blindés sont cachés dans les granges. De nombreux convois qui fuient l’avancé des Alliés traversent le village depuis la veille.
Vers 10 heures du matin, des thunderbolts américains attaquent un convoi transportant des munitions sur la route entre Vigneulles et Saint-Benoit. S’ensuivent explosions et incendies tout le long de la route.
Les soldats qui refluent vers Vigneulles pillent le village : victuailles, objets de valeur, automobiles attelées aux chars de combat. La plupart d’entre eux se replie vers Chambley dans la soirée.
En début d’après-midi, un habitant de Viéville, qui souhaitait être le premier à apercevoir les Américains, est mitraillé par un groupe de chenillettes se rendant vers Saint Maurice. Blessé à la jambe, il s’en sort en faisant le mort dans un fossé.
A Hattonchâtel, de nombreux convois allemands se replient depuis Verdun par la Tranchée de Calonne.

2 septembre 1944
Au petit matin, les derniers Allemands quittent le village de Vigneulles. Le calme est revenu et il n’y a plus de circulation.
Vers 10 heures, un soldat allemand traverse le village avec sa moto. Il s’arrête à la sortie du village en direction de Saint-Mihiel puis fait demi-tour.
Un premier groupe de reconnaissance américain arrive à Vigneulles en milieu de journée et stationne environ une heure au carrefour des routes de Hattonville et Saint-Benoit avant de revenir sur ses pas.
Un deuxième groupe de reconnaissance arrive en fin de journée. Il prend la direction d’Hattonchâtel, s’arrête sur le pont de l’Yron puis repart.

3 septembre 1944
Deux jeeps américaines arrivent à Vigneulles en début d’après-midi et montent à Hattonchâtel où les GI’s sont chaleureusement accueillis par la population.
Un groupe d’Allemand qui se replie depuis Viéville vers la ferme d’Hazavant est la cible de deux chasseurs américains.

14 septembre 1944
Lors de l’attaque du convoi sur la route entre Vigneulles et Saint-Benoit de nombreuses munitions et armes ont été éparpillées sur les bords de la route. Un habitant de Vigneulles est tué par un engin ramassé dans un fossé.

Octobre 1944
Un V1 tombe dans les champs entre les fermes de Champs Fontaine et Louiseville (Saint-Benoit). Deux cultivateurs et leur attelage sont projetés à terre par le souffle de l’explosion.

9 novembre 1944
Un bombardier B17 (flying fortress), the Lady Jeannette, qui participait à un raid aérien sur Metz et Sarrebrück, est touché à plusieurs reprise par la Flak au dessus de la Sarre. Deux membres de l’équipage sont blessés. Le B17 n’a plus qu’un moteur en état de marche et perd constamment de l’altitude. Les six membres de l’équipage non blessés sautent en parachute. Malheureusement le parachute de l’un d’eux s’accroche à la queue de l’appareil. Alors que le bombardier survole la forêt des Haudronvilles, le pilote tente une dernière manœuvre mais il n’aura pas le temps d’atteindre les Grands Pâquis de Hattonville : le bombardier en feu s’écrase dans les bois. Le service de sécurité américain de Vigneulles se rend sur les lieux de l’accident pour récupérer les cinq rescapés et rapatrier les restes des corps des quatre aviateurs décédés.

26 décembre 1944
Vigneulles. La nuit, un poste américain établi au carrefour de la route de Creuë et Heudicourt est attaqué par un bombardier allemand alors que les soldats se réchauffaient autour d’un grand feu.


accueil - histoire des 7 villages - le XIX° et la première moitié du XX° siècle
Le Grand Vigneulles